Samantha par les mots...

Nuit du 14 septembre

Qui suis-je ? Que fais je là ? Je viens tout juste de quitter le sol dur de la ruelle dans laquelle je me suis réveillée. Mes cotes me font encore un peu mal mais le cataplasme que Tom, le tavernier m’a mis me soulage un peu. Par contre, pour la migraine, c’est autre chose. Et je ne suis pas sure que le rhum arrange les choses. C’est donc nue comme un ver à la lumière de la bougie que je m’observe pour la première fois. Bah, ça va…J’suis pas trop mal. J’ai remarqué une longue cicatrice sur ma jambe. Elle luit doucement maintenant, rougeoyante sous mes doigts. C’est un étrange contact. D’où cela me vient-il ? Et puis, il y a cette ancre et ce prénom. Je ne suis même pas sure que ce soit le mien. Tant pis…Désormais, je serais Samantha Phales. Pirate ? Fille de pirate ? Femme de pirate ? Ou tout simplement fille de marin ? Aucune idée. Ma migraine empire, je crois. Mais j’ai d’autres problèmes pour le moment. Tom a bien voulu me donner une chambre pour cette nuit mais il va falloir que je trouve de quoi gagner ma pitence. La nuit est bien entamée déjà. La lune est haute et sa lumière illumine ma minuscule chambre. Si seulement elle pouvait m’apporter des réponses à mes questions…

Nuit du 16 septembre

J’ai passé les deux jours qui viennent de s’écouler, à arpenter cette foutue île. Et qu’est ce que j’ai trouvé ? Du rhum, des pirates ivres morts, deux ou trois crapules de commerçants et des filles de joie. Je commence à désespérer. Trouver du boulot à la Tortuga risque d’être plus compliqué que je ne le pensais…J’ai bien rencontré Madelaine, une fille de joie qui m’a proposé d’apprendre le boulot mais…Ca me fait froid dans le dos…Je ne pourrais jamais me résoudre à faire ça. Donner mon corps à tous ces vieux saoulards…Brrr… Ca me terrifie. Mais Tom commence à devenir pressant pour l’argent, il faut que je trouve quelque chose. Et vite.

Nuit du 17 septembre

Ce soir, je suis restée en taverne. Les rues de Tortuga m’écoeurent et je ne supporte plus leur vue. Le comptoir du bar devient un endroit habituel pour moi et seule, la compagnie de Tom m’empêche de sombrer dans la mélancolie. Il tente de me rendre le sourire mais il est assez maladroit. Pourtant, je crois que je l’aime bien. C’est pas un mauvais bougre dans le fond. Du moins, il sera toujours mieux que ses pirates de clients. J’ai pu lui payer ma chambre et mon repas ce soir. Je crois que j’ai trouvé le truc. Je me suis découverte un don pour la danse. C’est arrivé comme ça. Les quelques hommes qui n’étaient pas encore ivres mort, ont trouvé des instruments et ils se sont mis à jouer. Alors, presque inconsciemment je me suis retrouvé debout sur le comptoir, mes mouvements s’accordant parfaitement au rythme. Et c’est étrange mais j’ai ressenti un drôle de sentiment à ce moment. Comme si ce n’était pas la première fois que je faisais ça. Tom a été drôlement impressionné et il a dit que si je dansais comme ça de temps en temps, il me garderait à la taverne. Comme quoi…il suffit de peu.

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